1000 signes sur Incroyable mais vrai

Antoine Patrelle
2 min readJul 16, 2022

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C’est désormais une habitude, tous les six mois un nouveau Dupieux débarque en salles avant d’être remplacé par un autre. Un rythme qui diminue forcément l’attente du public ainsi que son étonnement. Le surréalisme de Dupieux n’est plus aussi punk qu’a l’époque de Rubber, le public semble s’être habitué aux fantaisies de l’ancien musicien et c’est justement l’un des sujets de son nouveau film.

Attention spoiler

Si le thème principal d’Incroyable mais vrai reste le temps qui passe et notre acceptation de la vieillesse et de notre corps qui évolue, un autre existe en sous-marin et résonne avec le cinéma de Dupieux. C’est celui de l’étonnement et de la difficulté à créer cette réaction chez un spectateur ou un orateur. C’est notamment cette difficulté qui travaille le personnage de Benoît Magimel, outre sa masculinité, il semble obsédé par la réaction ou plutôt le manque de réaction de son collègue face à sa grande nouvelle. Dommage pour lui, le couple formé par Léa Drucker et Alain Chabat a déjà été confronté à une source d’étonnement et il en faudra désormais plus qu’un sexe électronique pour les impressionner.

Cette source d’étonnement se trouve dans la nouvelle maison achetée par ce couple, une trappe (hello Lost ) permettant à ceux qui la traversent de rajeunir physiquement de trois jours tout en se déplaçant dans le temps de douze heures dans le futur. Un élément fantastique bien pratique pour diviser le couple qui n’aura pas la même réaction face à cette découverte. Une découverte encore une fois annoncée par un agent immobilier qui peine à trouver les mots pour décrire ce phénomène. Tout comme Magimel, il est attaché aux effets d’annonce, il tient à ménager le suspense, à choisir le moment opportun pour obtenir un effet de surprise maximal. Et au milieu de tout ça, Chabat.

Que ce soit la rupture de l’espace et du temps ou bien le chibre mécanique de son patron, rien n’étonne le personnage incarné par Chabat qui préfère se concentre sur son travail, récupérer les chats errants et pêcher avec son chien. Et si le cinéma de Dupieux se distingue par son amour du surréalisme il semble ici pour la première fois, se ranger du côté de la normalité où l’irréel et le fantastique apparaissent comme des abysses dans lequel il ne vaut mieux pas tomber, au risque de manquer l’essentiel.

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